EST REPUBLICAIN - 23/12/2013
Ligny en barrois: Ils luttent pour le cormier
L’association AC2F a décidé de réhabiliter le cormier, une essence rare et précieuse. En 24Heures.
Pour la survie du cormier
Cette espèce en voie de disparition est le cheval de bataille de l’association AC2F, à Ligny-en-Barrois. Un bois feuillu précieux et résistant.
Le conseil général envisage de planter des cormiers en bordure de routes.
Il a beau être résistant, d’une densité supérieure à celle du chêne (de 800 à 900 kg/m³), le cormier est une espèce en voie de disparition. Originaire d’Asie mineure, cet arbre qui aime avoir la tête à la lumière a été dispersé dans l’Europe entière au temps de l’Empire romain. Mais il souffre d’une mauvaise reproduction, conséquence directe d’une politique d’abandon du taillis sous futaie.
Il en reste donc très peu dans le Grand Est et la Meuse peut s’enorgueillir d’en compter quelques pieds (un cormier pour 100 alisiers torminaux, les connaisseurs apprécieront), dans la forêt des Paroches et au Nord-Ouest de Verdun. L’un des plus imposants de France se trouve même en forêt de Commercy : 200 ans, plus de 30 mètres de haut et 2,35 m de circonférence. Ses feuilles prennent une couleur miel, à l’image d’un poirier dont les fruits, plus gros, lui ressemblent. Ces derniers se transforment en délicieux produits, confitures et eau-de-vie.
Cette essence rare et précieuse, l’association cormier fruitier forestier (AC2F) a décidé d’en faire son cheval de bataille depuis mai 2009. « Nous sommes une cinquantaine de membres dont la moitié extérieure au département, tous passionnés de nature. Notre ambition consiste à sauvegarder et à vulgariser l’espèce car si l’homme n’en réintroduit pas, elle aura disparu d’ici cent ans », milite son président linéen, Fabrice Varinot.
Pour protéger cette « ébène d’Europe », principalement utilisée en plaquage (son prix peut atteindre 3.000 € le m³ , dont 50 % de perte), AC2F réalise un inventaire des cormiers existants en relation avec l’ONF et les forestiers, en partenariat avec le lycée agricole de Pixérécourt, à Malzéville (54).
« 800.000 graines de 14 variétés dans le frigo »
L’association meusienne contribue également à multiplier l’espèce en collectant des milliers de graines. « J’en possède 800.000 de 14 variétés différentes, conservées dans un réfrigérateur maintenu à 2 °C. Elles ont une durée de vie de huit ans », avise Fabrice Varinot. La diffusion s’effectue auprès des forestiers, des chasseurs (le fruit est très nourrissant pour le gibier), là encore en partenariat avec l’association française arbres et haies champêtres (AFAHC), dont l’action s’inscrit dans le cadre de la nouvelle politique agricole commune (PAC). Neuf hectares ont d’ailleurs été plantés à ce titre, en novembre dernier en agroforesterie, à Pixérécourt.
En février 2014, AC2F envisage une plantation en lignes en bordure de parcelles à Ligny-en-Barrois, à Dammarie-sur-Saulx et dans les environs de Stenay, cette fois-ci en collaboration avec le conseil général de la Meuse qui souhaite des arbres d’alignement en bordure des routes pour remplacer le frêne. Le mois prochain, une collecte de quelque 500 greffons à très gros fruits est aussi prévue en Allemagne et au Luxembourg en vue de produire diverses variétés. Sans oublier des dons à plusieurs vergers conservatoires, dont celui de Mouzay, et une greffe partie en Finlande via l’Epl-Agro de Bar-le-Duc.
Pour AC2F, la survie du cormier est en jeu et le combat de sa réintroduction est capital. « Surtout dans le cadre du réchauffement climatique car il peut passer le cap du fait de ses origines méditerranéennes », conclut Fabrice Varinot, qui ne tarit pas d’éloges sur ce bois massif et majestueux qui pourrait peut-être trouver son essor dans l’ameublement. Une idée qui reste à défendre et à développer.
Association cormier fruitier forestier (AC2F), renseignements au 06.82.33.57.78 ou à l’adresse fabrice.varinot@orange.fr
Nicolas GALMICHE
EST REPUBLICAIN 03/12/2013
La Fondation Yves-Rocher,l’AFHAC,l’AC2F et les élèves de Pix, unis pour«sauver la Planète»…
Au lycée de Pix, on forme les futurs agriculteurs à travailler sur leur exploitation en harmonie avec les arbres. Ici, l’arbre n’est pas un ennemi, il est l’élément majeur pour reconstituer un écosystème performant et indispensable en agriculture.
La Fondation Yves-Rocher, en association avec l’AFHAC, association française haies et arbres champêtres, a choisi de soutenir la démarche en plantant près de 120 cormiers (sorbus domestica) aux côtés des lycéens, déjà planteurs d’arbres convaincus en agroforesterie et d’une dizaine de membres de l’AC2F (association cormier fruitier forestier), venus de Ligny-en-Barrois.
Le jour de la Sainte-Catherine (ce jour-là, tout bois planté prend racine !) était retenu par tous depuis longtemps. Bertrand Cailly, le directeur de la ferme du lycée, avait réservé neuf hectares pour installer ces arbres tous les 10 mètres sur des lignes distantes de 54 mètres précisément.
Le lycée n’a pas choisi cette essence par hasard afin de l’installer dans son dispositif agroforestier. En effet, cet arbre, aussi appelé l’ébène d’Europe, fournit un bois de haute qualité technologique, résistant aux tempêtes et aux sécheresses prolongées. Des atouts majeurs pour lutter contre le réchauffement climatique engagé. De plus, protéger les terres des intempéries, abriter certains insectes, véritables auxiliaires de cultures, garder l’eau dans le sol, protéger la nappe phréatique des pesticides grâce aux racines. Autant de préconisations issues du Grenelle de l’environnement (trame verte) qui trouvent ici, sur le plateau de Malzéville, une première application pour le bien de tous.
Après la plantation (tout effort mérite réconfort), c’est autour d’un buffet que les équipes venues de Paris, la Gacilly et, plus largement, du Grand Est de la France, ont pu échanger avec les membres du conseil d’administration du lycée sur cette plantation exemplaire à plus d’un titre. Qui sera d’ailleurs mise en ligne sur le site de la fondation Yves-Rocher.
EST REPUBLICAIN - 09/04/2013
Villers-le-Sec Un céréalier choisit la plantation de cormiers en ligne
Protégé du gibier, paillé, le jeune cormier bourgeonne déjà. Bientôt, il sera en parfaite symbiose avec les cultures du champ.
C’est un concept gagnant-gagnant qui vient d’être mis en place sur le territoire de Villers par un céréalier.
En effet, en France, on plante environ une surface de 3.000 hectares par an en milieu non forestier. Ceci est infime par rapport au potentiel qu’offrent les espaces.
En plein essor, l’agroforesterie a de multiples atouts : les besoins d’engrais et de pesticides sont moindres qu’en agriculture intensive classique avec le retour de prédateurs naturels d’espèces dites « nuisibles » (telles que limaces, escargots, campagnols, insectes ou chauves-souris). Voici qui pourrait paraître paradoxal mais la présence de ces espèces mal-aimées limite globalement les dégâts aux cultures, stockage de carbone, décolmatage du sol. Les plantations ont par ailleurs un effet brise-vent pour les cultures riveraines. Les nitrates se retrouvent, récupérés et lessivés par les racines des arbres pour le plus grand bien de la nappe phréatique. Sans parler de la beauté du paysage. De plus, les arbres poussent plus vite car ils bénéficient à la fois d’engrais, d’irrigation et d’un éclairage optimal facilitant la photosynthèse. On obtient alors un gain de croissance allant de 30 à 60 %.
Dans le cadre du réchauffement climatique, des recherches sont menées depuis plus de 30 ans sur cette problématique. En parallèle à la technique de l’agroforesterie (plantation d’environ 50 arbres à l’hectare avec cultures céréalières intermédiaires) certains prônent le développement du concept de la plantation dite « en ligne » : il s’agit alors de mettre des arbres sur un côté entre le chemin de desserte et la parcelle par exemple.
Champ sain et décomposition enrichissante
C’est la raison pour laquelle l’Association cormier fruitier forestier (l’AC2F) promeut le cormier. En effet, cette essence aux qualités physiologiques et édaphiques (il s’adapte bien au sol local) répond parfaitement à la recherche de l’agriculteur, rassurant même ce dernier sur le devenir des feuilles en automne. Ces dernières ont la particularité de se déliter très rapidement, laissant un champ sain.
Sur ce sol qui sera enrichi année après année en profondeur en matière organique par la décomposition continuelle des racines fines des cormiers, (un arbre reconstitue chaque printemps son capital racines), pousse désormais un nouveau concept pour le bénéfice de tous.
EST REPUBLICAIN 15/03/2013
Bure: A l’école de la greffe
M. Munier, membre des croqueurs de pommes venu des Vosges, a distillé ses précieux conseils aux jeunes.
En écusson, en fente, en couronne, en L, à cheval, en pont, à l’anglaise compliquée, tous les différents types de greffe ont été abordés, durant une journée passée à l’espace technologique de l’Andra à Bure.
Une démonstration grandeur nature, impliquant des membres de l’association cormier fruitier forestier (AC2F) qui ont pu partager leurs connaissances avec les classes de cycle 2 de Ménil-sur-Saulx venues sur le site pour la journée. Les 43 élèves scindés en deux groupes ont pu comprendre les bénéfices du greffage pendant que les autres visitaient l’exposition du moment consacrée aux sciences. Après le repas de midi, et son baccalauréat XXL, le temps est venu de conforter les acquis du matin ; en effet l’association avait concocté un quiz géant consacré exclusivement au greffage. En début d’après midi, une classe de l’école Raymond-Poincaré de Ligny encadrée par M. Duchaine a pris la place des plus jeunes devant les greffeurs.
Rapidement, une classe de Bac Pro filière forestière de l’EPL Agro de Bar-le-Duc partenaire historique de l’AC2F, a rejoint le groupe. Les questions ont fusé sur le greffage qui était comparé par beaucoup comme un acte chirurgical ; la propreté des instruments et la précision des greffeurs impressionnant les jeunes attentifs aux explications données. Conscient qu’une première venait d’être réalisée devant eux ce jour-là (l’association vient de greffer plus de 120 cormiers avec des greffons sélectionnés sur un arbre unique en Alsace avec des fruits exceptionnellement gros), les enfants vont devoir réfléchir pour trouver un nom à cette variété fruitière particulière qui n’est pas encore reconnue.
A Bure, l’association a expérimenté également différents porte-greffes, les résultats seront connus avant mai par les élèves. Le lendemain, le groupe de Finlandais partenaire du lycée Vilmorin venu quelques jours dans le cadre d’échanges s’est vu confier un tout jeune plant fraîchement greffé pour expérimentation climatique.