E - Arbres hors forêt
14 - L’agroforesterie
L’agroforesterie est un système dynamique de gestion des ressources naturelles, reposant sur des fondements écologiques, qui intègre des arbres dans les exploitations agricoles et le paysage rural et permet ainsi de diversifier et de maintenir la production afin d’améliorer les conditions sociales, économiques et environnementales de l’ensemble des utilisateurs de la terre.
Son origine trouve ses fondements dès l’antiquité : en région méditerranéenne, les oliveraies étaient cultivées en association avec d’autres cultures, céréales, vignes ou pâtures. L’agroforesterie associe sur les mêmes parcelles une production agricole : cultures, pâturage, etc., et une production forestière différée à long terme, obtenue soit par plantation d’arbres sur des parcelles agricoles nues, soit par éclaircie forte sur des parcelles boisées. Des parcelles cultivables portant des cultures agricoles intercalaires et des arbres forestiers correspondent à l’agri sylviculture ; des parcelles boisées avec de l’herbe et un sous bois pâturé se rattachent au sylvo-pastoralisme. Le cormier utilisé en agroforesterie donne d’excellents résultats.
Atouts de l’agroforesterie :
Diversification des activités des exploitants agricoles, avec constitution d’un patrimoine de valeur, sans interrompre le revenu courant des parcelles plantées. Rôle protecteur des arbres pour les cultures intercalaires ou pour les animaux : effet brise-vent ; abri du soleil, de la pluie, fixation des sols, stimulation de la microfaune et de la microflore des sols.
Récupération par les racines profondes des arbres d’une partie de éléments fertilisants lessivés ou drainés ; enrichissement du sol en matière organique par les litières d’arbres et la mortalité racinaire des arbres (protection des nappes phréatiques).
Possibilité de compromis entre les intérêts du propriétaire (patrimoine bois) et du fermier (accès à des surfaces cultivées).
Rémunération possible de l’exploitant agricole pour l’entretien de ces arbres. Alternative au boisement en plein de terres agricoles, permettant de maintenir une activité agricole sur des territoires dont les potentialités agricoles sont conservées.
Accélération de la croissance en diamètre des arbres par le large espacement et réduction très forte du coût de l’entretien des plantations par la présence des cultures intercalaires. Amélioration de la qualité du bois produit (cernes larges et réguliers, adaptés aux besoins de l’industrie), car les arbres ne subissent pas les cycles de compétition-éclaircies. Garantie du suivi et de l’entretien des arbres par l’activité agricole intercalaire.
En particulier protection contre le risque d’incendie en zone sensible avec le pastoralisme ou avec des cultures intercalaires telles que la vigne ou les céréales d’hiver (sol nu propre en été après déchaumage).
Par les plantations agroforestières sur terres agricoles, mise en place d’une ressource en bois de qualité complémentaire des produits de la forêt traditionnelle, et non pas concurrente. Il s’agit surtout de produire des bois capables de se substituer aux sciages tropicaux dont l’offre et la qualité vont décliner rapidement. Maîtrise des surfaces cultivées et amélioration de la valorisation des ressources naturelles : en se substituant aux parcelles agricoles, les parcelles agroforestières constituent un outil de maîtrise des surfaces cultivées. L’intensification de l’utilisation des ressources du milieu s’accompagne d’une maîtrise des productions agricoles.
Création de paysages originaux, attractifs, ouverts, favorables aux activités récréatives. Les parcelles agroforestières représentent un potentiel paysager réellement novateur, porteur de symboles forts et favorables à l’image de marque des agriculteurs dans la société. Ce sera particulièrement le cas dans les milieux peu boisés pour les parcelles obtenues par plantation de parcelles agricoles, et dans les milieux très boisés pour les parcelles obtenues par éclaircies de boisements existants.
Lutte contre l’effet de serre, constitution de systèmes efficaces pour la séquestration du carbone, par combinaison du maintien du stock organique des sols (cas surtout des prairies), et installation d’une strate arborée fixatrice nette.
Protection des sols et des eaux, en particulier dans les périmètres sensibles (nappes de surface, écoulements hypodermiques, zones sensibles à l’érosion).
Amélioration de la biodiversité, notamment par création de nombreuses lisières. Cela permet notamment une amélioration cynégétique, en favorisant l’habitat du gibier. La protection intégrée des cultures par l’association avec des arbres choisis pour stimuler des populations d’hyperparasites des cultures et une voie prometteuse.