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C - Sylviculture

10 - Sylviculture

Elle reste à inventer pour une culture d’arbres à grande échelle (plantation dite en plein). Jusqu’alors les forestiers qui ont introduit du cormier l’on fait par petite touche en forêt (enrichissement principalement). D’autres opérations dites en mélange sont possibles (à réserver aux sols difficiles, pour se garder une solution de repli en cas d’échec des autres essences associées.
Prudemment on peut retenir que l’essence étant farouchement héliophile, le sujet ne devra jamais être en situation de concurrence avec d’autres essences, c’est le sylviculteur qui devra y veiller. Des expériences menées non loin d’ici (territoire de Le Bouchon/Saulx 55500 Meuse) ont démontré que de jeunes individus concurrencés (lumière) mais pas forcément surcimés (dominés) par des essences particulièrement denses en feuillage (aulne) mouraient dès la 3° année si le sylviculteur n’intervenait pas drastiquement en éliminant radicalement cette concurrence.

On ne pourrait pas conduire un jeune peuplement avec des phases de compression comme d’autres essences feuillues ; à moins d’entretenir un peuplement pur serré et de laisser agir la qualification.

Son besoin en lumière, explique pour partie, sa raréfaction dans les taillis sous-futaie et particulièrement dans les hêtraies-charmaies de notre grande région Centre-Europe.

Le fait qu'il se rencontre et se situe très souvent en rupture de pente, sur des sols réputés alors très difficiles, s'explique par le fait qu'il bénéficie alors d'une niche écologique propre à son espèce. En clair, la concurrence d'un jeune chêne ou hêtre ne peut pas s'établir car ce dernier ne possède plus les atouts pour devenir rapidement un dominant.

Sur un autre type de terrain (à plat par exemple) on peut rencontrer néanmoins un beau spécimen de cormier. Sa présence s'explique mal, sauf par l'hypothèse que lors de son installation (par les hasards du transport de graines), la plantule s'est développée dans un environnement bouleversé (galette, arbre mort, houppier étouffant la majorité des semis et des adventices ainsi que de la strate herbacée).

La sylviculture du cormier, qualifiera une génération d'individus producteurs de bois de qualité gage d'une meilleure rémunération pour le propriétaire: la qualité paye toujours !

Plantation en plein, derrière une pessière atteinte par les scolytes (Hévilliers-sud-Meuse-France).

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Conduite d'un très jeune peuplement de cormiers en appui sur des essences concurrentes:

Belle croissance pour ce jeune cormier (photo de gauche) détouré en 2014: 70 cms en 2015, malgré le manque d'eau et un été 2015 très chaud (8°C de plus que la normale).

Sur la seconde photo, ce cormier gainé également par du bouleau, vient d'être libéré de ses proches concurrents. L'année suivante, il va pouvoir exprimer tout son potentiel.

Le sylviculteur a pris soin de ne couper que la tête des éducateurs, ces derniers vont être naturellement distancés par le cormier, mais vont continuer malgré tout à gainer le fût en l'ombrant. En effet, le bouleau va réagir, toujours bien vivant, l'effet étêtage radical du sylviculteur va stimuler les bourgeons ou les branches latérales et les transformer en une multitude d'axes principaux sensés élire une tête de substitution. Dans quelques années, ces accompagnateurs auront joués leur rôle d'éducateur et le fût de l'arbre objectif sera qualifié; il ne restera plus au sylviculteur qu'à éliminer au pied ces arbres.

Sur ces photos, le cormier n'est pas surcimé par ses voisins. Le sylviculteur n'a donc aucune intervention dans l'immédiat. L'année suivante, il veillera à ce que le cormier est toujours la tête au soleil....

Globalement, en s'appuyant sur des essences d'accompagnement feuillues, comme ici avec le bouleau, essence collonisatrice par excellence, le sylviculteur, formera mieux et plus vite ces cormiers. En jouant sur une qualification maîtrisée par le subtil jeu de l'ombrage, les branches latérales seront aussi plus fines, il veillera néanmoins à l'axe principal et aux défauts de fourchaison apparaissant d'autant plus que le jeune sujet est exposé en très grande partie au soleil.

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Elagage et taille de formation:

Sur la photo de gauche, le cormier n'a subit aucune intervention. On remarque que le sylviculteur aurait pu réagir plus tôt, en juin de l'année précédente plus précisément. En effet, sur la photo de droite, plusieurs tailles ont été réalisées en même temps.

Défourchage: 

En haut à gauche, suppression d'une fourche en mars 2016. Elle aurait pu être pincée en vert en juin 2015.

Elagage et taille de formation:

Sur terrain dégagé, le cormier développe généralement ses branches en couronnes, comme le merisier. Si le sylviculteur a pris du retard dans sa taille de formation, les branches à éliminer poussent très vite, on veille généralement à ce qu'elles ne dépassent pas les 3 centimètres de diamètre; en ce cas, on les rabat à 20 cms du tronc en hiver et on ''fait propre'' en début d'été en respectant le bourrelet cicatriciel.

D'une manière générale, le choix des branches à éliminer reste une question de bon sens et d'observation. On doit respecter un certain équilibre. On élimine les plus grosses branches et, ou, celles qui se rapprochent de la verticale (comme celle sur la photo de droite, avant dernière couronne à gauche de la photo); il ne faut pas avoir peur de laisser des branches sur 4 étages par exemple; la taille en queue de billard étant proscrite pour cette essence.

Une règle d'or du sylviculteur: travailler toujours avec des outils aux coupes affutées et désinfecter régulièrement ces derniers.

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Dégats de gibier:

Ce jeune cormier a été écorcé par un chevreuil (à droite de la protection sur les deux photos). Il est mort, mais il rejète vigoureusement de souche (on aperçoit 5 départs), dès la première année comme ici. Correctement protégé de nouveau, l'année suivante, il restera au sylviculteur de choisir le brin le mieux conformé et le plus vigoureux; des pousses de plus d'1.5 mètre la seconde année étant chose courante.